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La conception de l’étiquette soviétique : du nouveau ou de l’ancien ?

Ludmila KASTLER

Université Stendhal – Grenoble

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Mots-clés : étiquette, manuels de savoir-vivre, formation discursive, mécanisme culturel.


Plan de l'article

Texte intégral

Le rejet de l’ancien et l’instauration du nouveau

Le fameux hymne révolutionnaire l’Internationale fut traduit en plusieurs langues, y compris en russe. La traduction russe appartient à Arkady Kots, qu’on surnomma plus tard « le poète prolétarien[1] », alors qu’il avait fait ses études à Paris à l’École des mines entre 1897 et 1902. C’est d’ailleurs à Paris que le jeune poète, originaire d’Odessa, se rapproche des révolutionnaires russes émigrés et compose en 1902 sa première version de l’Internationale qui consiste en la traduction des trois strophes les plus belliqueuses du poème d’Eugène Pottier[2].

En comparant la traduction de Kots avec le texte original, on constate que le traducteur a remplacé certaines images de Pottier par les siennes, plus simples et en même temps plus expressives. Ainsi, l’innocent « oisif », dans la strophe « La terre n’appartient qu’aux hommes, / L’oisif ira loger ailleurs », prend l’aspect, sous la plume de Kots, d’un détestable « parasite » : « Vladet’ zemlëj imeem pravo / No parazity – nikogda ! »

Par ailleurs, le traducteur fait des ajouts plus appropriés à la situation révolutionnaire russe, ce qui est le cas du premier couplet dans lequel « Du passé faisons table rase » devient « Ves’ mir nasil’â my razrušim / do osnovaniâ », alors que le constat neutre « Le monde va changer de base » se transforme en victorieux « My naš, my novyj mir postroim ».

L’Internationale, en russe, devient alors tout un programme de la stratégie bolchevique en abrégé : détruire à fond le passé détestable et construire un monde nouveau, juste et surtout le leur. Ce n’est donc pas un hasard si l’Internationale dans la version de Kots fut adoptée en 1918 comme hymne de la Russie soviétique, puis de l’URSS jusqu’en 1944, pour devenir ensuite le chant officiel du Parti communiste de l’Union soviétique.

Le programme prévu fut exécuté de bout en bout par le nouveau pouvoir, l’ancien système étant totalement détruit, y compris les rituels sur lesquels reposait la vie quotidienne d’avant la révolution. L’ancienne étiquette, c’est-à-dire le code établi de comportement et de formules de civilité, fut complètement proscrite en tant que système sémiotique trop lié à l’ancien régime. Les bonnes manières étaient bannies tout comme leurs porteurs : nobles, intellectuels, artistes, autrement dit l’élite de la société russe, considérés dorénavant comme « parasites », donc ennemis. Selon les différents auteurs, plus d’un million de personnes quittèrent la Russie, à la suite de la révolution et de la guerre civile, pour fuir le régime communiste[3]. La place de cette élite anéantie ou exilée fut rapidement occupée par les ouvriers plus ou moins acculturés, mais aussi par les ressortissants de la « basse intelligentsia », selon le mot d’André Ropert, qui y rattache les gens ayant reçu un solide enseignement secondaire, mais pas forcément universitaire[4]. Cette nouvelle élite en gestation bénéficie de foudroyantes promotions sociales essentiellement par la voie de l’appartenance au Parti.

Le forcing idéologique dont une des composantes était l’expansion de l’athéisme amène à introduire dans le comportement quotidien toute une série de nouveaux rites. Ainsi, le baptême est remplacé par le « kommunističeskie oktâbriny », le substantif oktâbriny étant créé par analogie avec krestiny (« fête à l’occasion du baptême d’un nouveau-né ») à partir de oktâbr’ (« octobre »), mot par lequel on désignait la révolution d’Octobre ; l’enregistrement du mariage au zags[5] succède à la célébration du mariage religieux, tandis qu’au rituel funéraire traditionnel comportant plusieurs éléments (lamentations, office des morts, chants funèbres) se substituent un meeting de deuil et l’incinération.

L’exode rural apparaît comme une autre conséquence de l’énorme brassage social survenu après la révolution. Si, pendant la guerre civile, une partie des citadins fuit vers la campagne pour échapper à la faim (pensons au Docteur Jivago de Boris Pasternak), dans les années de la NEP (Nouvelle politique économique) et surtout de l’industrialisation, l’accroissement de la population urbaine fut impressionnant. Selon Anatoli Vichnevski, qui cite diverses évaluations de la population de l’URSS, y compris provenant des sources qui n’étaient pas accessibles avant, la part de la population urbaine passe de 17,9 % en 1926, année où elle atteint son niveau d’avant-guerre, à 31,7 % en 1939, ce qui représente plus de 30 millions de personnes[6]. Ces citadins « frais émoulus » ont dû s’habituer aux normes du comportement de la vie citadine, lesquelles se distinguaient beaucoup des normes traditionnelles de la vie rurale. De plus, la moitié de ces nouveaux citadins savait à peine lire et écrire. Une large campagne contre l’analphabétisme[7] et la création de plusieurs centres de liquidation de l’analphabétisme (Likbez), entreprises en 1925 par les autorités soviétiques, a certes abouti à des résultats positifs, mais pas tout de suite. L’élévation du niveau de l’instruction et de la culture de la société soviétique est un processus très long qui n’a pas eu de répercussions immédiates sur la politesse dans le comportement quotidien. Il a fallu attendre la fin des années 1960 pour voir publiés les premiers manuels de savoir-vivre qui ont fondé les principes de la soi-disante « étiquette soviétique ».

Le début de l’ébranlement de la formation discursive dominante

Lorsque, après le XXe congrès du PCUS en 1956, le « rideau de fer » s’est entrouvert et qu’il a fallu montrer aux étrangers que l’homme soviétique n’était pas un sauvage, s’est créée la nécessité d’inculquer à la population les règles de la politesse pour guider les comportements peu civilisés et améliorer par là le climat social. Les anciens traités de savoir-vivre avaient été blâmés depuis longtemps, mais en quarante ans de régime soviétique, les instances idéologiques n’ont pas pensé à codifier le comportement quotidien de « l’homme nouveau ». Seul le Code moral du constructeur du communisme (Moral’nyj kodeks stroitelâ kommunizma)[8] fut forgé, faisant partie du troisième programme du PCUS, adopté en 1961 par le XXIIe congrès, qui préconisait les normes éthiques tels les commandements bibliques, sous une sauce fortement idéologisée[9]. Ainsi, le principe « Gumannye otnošeniâ i vzaimnoe uvaženie meždu lûd’mi: čelovek čeloveku drug, tovariŝ i brat » (« relations humaines et respect mutuel entre les gens : l’homme est pour l’homme ami, camarade et frère ») remonte sans doute aux Évangiles : « Aimez-vous les uns les autres » (selon saint Jean)[10] et « Vous êtes tous frères » (selon saint Matthieu)[11].

Certes, les valeurs morales sous-tendent le savoir-vivre, mais, comme le remarque Dominique Picard, dans la plupart des cas, elles sont suggérées indirectement à travers la description de comportements[12]. Or, le Code moral avec ses douze préceptes trop abstraits ne pouvait pas proposer de modèles de conduite plus concrétisés et adaptés aux différentes situations de la vie sociale au quotidien.

Curieusement, ce sont les linguistes qui ont sauvé la situation. Ils ont introduit d’abord la notion de kul’tura reči (« culture de la parole ») qui sous-entendait, d’une part, le bon usage, c’est-à-dire l’usage normatif de la langue russe, mais aussi le maniement des moyens expressifs d’une langue dans diverses situations de communication[13]. La « culture de la parole » était propagée dans la population moyennant de nombreuses publications de vulgarisation linguistique et surtout par le biais des émissions de radio. Ainsi, depuis 1962, il y avait une émission à la radio nationale intitulée « V mire slov » (« Dans le monde des mots ») qui se passait sous forme de réponses aux lettres des auditeurs.

La notion de « culture de la parole » a engendré peu à peu tout un paradigme, comportant les notions telles que kul’tura proizvodstva (« culture de l’entreprise »), kul’tura byta (« culture de la vie quotidienne »), kul’tura povedeniâ (« culture du comportement »), celle-ci étant équivalente aux anciennes « bonnes manières ».

En 1963 est parue une monographie intitulée Èstetika povedeniâ (Esthétique du comportement)[14] qui contenait plusieurs articles des représentants de l’intelligentsia artistique, dont la fameuse danseuse du Bolchoï Olga Lepechinskaïa, l’actrice émérite Larissa Ordanskaïa, l’artiste du peuple de l’URSS Nikolaï Akimov et d’autres. L’ouvrage traitait de sujets assez inhabituels jusqu’à présent, à savoir le tact dans les lieux publics, la politesse dans les conversations téléphoniques, la façon de s’habiller élégamment ou encore comment se tenir bien à table, y compris au restaurant. Ces sujets « insolites » étaient entremêlés de références idéologiques un peu exagérées comme c’était de coutume pour chaque publication en sciences humaines. Toutefois, derrière les citations incontournables de Lénine, de Karl Marx, du Code moral du constructeur du communisme, se glissaient des idées assez incompatibles avec ce type de discours. Pour échapper à la censure, il fallait donc recourir à la ruse, à un faux-semblant et, finalement, adapter la stratégie argumentative suivante :

Nous faisons semblant de partager sans conteste les principes idéologiques donnés et vous, vous faites semblant de fermer les yeux sur quelques écarts[15].

Ainsi, pour réintroduire le mot manery (« manières ») qui avait une connotation négative dans les textes soviétiques, les auteurs le mettaient entre guillemets afin de bien montrer son hétérogénéité :

Nous sommes prêts à donner une riposte à tous ceux qui vont tenter consciemment d’enfreindre nos principes humanistes, mais parfois cela peut se faire par mégarde, par licence, à cause des mauvaises « manières »[16].

L’idée implicite est que les bonnes manières d’autrefois pourraient, malgré tout, servir à la société soviétique. La même tactique est utilisée pour revaloriser le mot delikatnost’ (« délicatesse ») :

Il y a en russe un mot un peu ridicule […]. C’est le mot « délicatesse ». Il est actuellement presque sorti de l’usage, mais si on ne lui trouve pas de substitut tout à fait digne, il vaudrait mieux le faire revenir dans l’usage[17].

Les auteurs montrent ensuite le lien entre la délicatesse et d’autres qualités comme le tact, la finesse, la discrétion dans les rapports avec autrui. Ce paradigme lexical apparaît comme archaïque et nettement hétérogène par rapport à la formation discursive marxiste-léniniste[18] qui reste toujours dominante au début des années 1960, mais on en devine la présence implicites et on y décèle un dialogue prudent avec le discours universel.

L’idée de publier des manuels de savoir-vivre pour éduquer « plus de deux cents millions d’homme soviétiques » est énoncée explicitement. On sent que l’intelligentsia artistique ne pouvait plus tolérer la grossièreté de ses concitoyens. Un des auteurs de la monographie se pose donc la question :

Notre société soviétique n’a que 46 ans (et en même temps, en a déjà 46), pourquoi ne pas penser à créer ses propres rituels et ses traditions à elle ? Non, pas « l’étiquette », pas « les règles de bon ton », prescrites « de là jusqu’à là », mais les traditions venant de la spécificité de notre mode de vie soviétique[19] ?

Et pourtant, c’est le terme etiket (« étiquette ») qui a ressuscité cinquante ans après la révolution d’Octobre pour désigner les « nouvelles » règles du comportement. Comme dit un proverbe russe : « Novoe, èto xorošo zabytoe staroe » (« Le nouveau, c’est l’ancien bien oublié »). La réapparition surprenante de ce mot à la connotation un peu suspecte d’« ancien régime » est un signe, entre autres, du début d’une lente mais progressive métamorphose de la formation discursive « marxiste-léniniste », figée et statique jusqu’à maintenant.

L’étiquette soviétique : la boucle est bouclée

Pareillement au couple kul’tura reči / kul’tura povedeniâ, ce sont les linguistes qui ont anticipé l’apparition d’un nouveau mot, plus exactement d’un nouveau sens du mot, car ètiket existait déjà en russe, mais à cette période-là, c’était plutôt un mot historique qui désignait le cérémonial dans une cour et les bonnes manières des classes « exploiteuses ».

C’est encore une fois Viktor Kostomarov qui a introduit en 1967 un nouveau terme, rečevoj ètiket (« étiquette de la parole »), dans la revue Russkij âzyk za rubežom (La Langue russe à l’étranger) qui vient d’être créée, et où il dirige la rubrique intitulée « Russkij rečevoj ètiket » (« L’étiquette de la parole en russe »). Dans une courte introduction, il explique la nécessité de la chose : « Nous avons reçu de nombreuses demandes de parler des normes du comportement langagier adoptées dans la société soviétique[20]. » Sous cette rubrique, la revue fait connaître à ses lecteurs diverses formules de politesse qu’il faut employer dans telle ou telle situation de communication.

L’étiquette de la parole a donné le chemin à l’étiquette tout court : en 1972, la maison d’édition Znanie (le Savoir)[21] publie, au tirage de 180 000 exemplaires, un ouvrage important intitulé Sovetskij ètiket (L’Étiquette soviétique) qui aura un impact dans l’espace discursif russe des années 1970-1980. Post factum, cette nomination nous paraît comme une sorte d’oxymore, figure qui consiste à unir deux mots de sens contradictoire pour leur donner plus de force expressive. En effet, au premier abord, le mot et le phénomène de l’étiquette, bannis par la révolution, ne s’allient pas très bien à l’adjectif « soviétique ». Toutefois, cette expression insolite s’implante en russe et persiste jusqu’au moment où l’adjectif « soviétique » s’envole avec le régime qu’il désigne. Voici comment est définie cette notion :

La notion d’« étiquette soviétique » est dans une certaine mesure conventionnelle. L’étiquette comme ensemble de règles a une signification universelle, mais l’étiquette soviétique signifie un ensemble de prescriptions sur lesquelles se règlent les gens de la société soviétique. […] Le fondement de l’étiquette proprement soviétique est constitué par la considération de l’homme comme valeur suprême, par le profond respect de la dignité humaine[22].

On voit que la formation discursive du régime soviétique n’a pas su combler la lacune créée par la disparition de l’étiquette d’autrefois et de toutes les valeurs auxquelles elle se référait : politesse, tact, respect, dignité humaine, bref, tout ce qui a été outragée pendant les sombres années staliniennes.

Les écrits des années 1960-1970 renouvelaient un dialogue prudent et « idéologiquement soutenu » avec des textes d’avant-révolution, en instaurant une certaine continuité avec la culture universelle du passé. Un auteur explique ce changement d’attitude par rapport au passé de la façon suivante :

Dans la Russie d’avant la révolution, de nombreux livres spéciaux furent édités pour les classes dominantes qui relataient les règles de bon ton. Certes, plusieurs de ces règles portaient un caractère de classe contre le peuple. Néanmoins, il y en avait de bonnes et d’utiles que nous assimilons et allons assimiler[23].

Si on utilise le discours marxiste, ce changement peut être caractérisé par une des lois dialectiques, celle de la « négation de la négation », qui explique que tout mouvement est un développement en spirale : une chose se nie en devenant son contraire puis se nie à nouveau pour revenir sous son « ancienne » forme mais pourtant nouvelle. Autrement dit, la boucle est bouclée : étiquette d’avant la révolution, puis anti-étiquette post-révolutionnaire, puis étiquette soviétique.

Depuis, de nombreux traités d’étiquette ont été publiés à des tirages importants. Malgré leur composante idéologique omniprésente, ils deviennent de plus en plus pragmatiques, répondant à de nouveaux besoins en rapport avec de nouvelles situations liées à l’ouverture progressive du monde soviétique sur l’extérieur[24].

 

En parlant de la dualité des modèles dans la dynamique de la culture russe, Iouri Lotman souligne que le mécanisme culturel russe agit souvent sur le mode d’un rejet absolu de l’étape précédente de sorte que le nouveau est pensé non comme un prolongement mais comme un remplacement absolu du tout[25]. Cependant, des changements répétés peuvent conduire à une régénération des formes archaïques et, de ce fait, les mêmes concepts peuvent recevoir à chaque étape un contenu nouveau[26]. L’histoire de la notion d’étiquette en représente un exemple probant.


[1] A. Dymšic, « Poèty proletarskoj revolûcii » [« Poètes de la révolution prolétarienne »], dans Revolucionnaâ poèziâ (1890-1917), Leningrad, Sovetskij pisatel’, coll. « Biblioteka poèta », 1954, p. 11.

[2] A. Koc, « Internacional (s francuzskogo) » [« L’Internationale (traduction du français) »], dans Revolucionnaâ poèziâ, op. cit., p. 107-108.

[3] N. Riasanovsky, Histoire de la Russie. Des origines à 1984, traduction de l’anglais de A. Berelowitch, Paris, Robert Laffont, p. 528.

[4] A. Ropert, La Misère et la gloire. Histoire culturelle du monde russe de l’an mil à nos jours, Paris, Armand Colin, 1992, p. 258.

[5] « Zapis’ aktov graždanskogo sostoâniâ » [Office de l’état civil], institution qui existe encore de nos jours.

[6] A. Vichnevski, La Faucille et le rouble. La modernisation conservatrice en URSS, Paris, Gallimard, 2000, p. 126-127.

[7]. L’alphabétisation des paysans avait déjà fait des progrès sous l’ancien régime, surtout après 1905, lorsque de nombreuses écoles publiques furent créées, grâce à la coopération des zemstvos. Il y avait également des sociétés d’éducation populaire et même des universités populaires, à savoir Prečistenskie kursy (1897-1919), Narodnyj Universitet Šanânskogo (1908-1920), dont l’élève le plus connu était Sergueï Essenine, etc.

[8] Voir : http://www.ru.wikipedia.org/.../Моральный_кодекс_строителя_коммунизма (site consulté le 10 juillet 2009).

[9] Les concordances qu’on observe entre le Code moral et les préceptes du Décalogue et des Évangiles ne sont pas dénuées de fondement. L’un des créateurs du Code moral, Fedor Burlatskij, a confié récemment dans une interview que c’était bien lui qui avait proposé d’inclure dans le texte non seulement des postulats communistes, mais aussi des éléments religieux provenant des commandements de Moïse et du Christ. Voir : http://gra.litsa.ru/magazine.php?m=60&a=3 (site consulté le 10 juillet 2009).

[10Concordance des Saintes Écritures, Lausanne, Société biblique auxiliaire du canton de Vaud, 1986, p. 30.

[11Ibid, p. 325.

[12] D. Picard, Les Rituels du savoir-vivre, Paris, Seuil, 1995, p. 164.

[13Lingvističeskij ènciklopedičeskij slovar’, Moscou, Sovetskaâ enciklopediâ, 1990, p. 247-248. Voir aussi les travaux de : V. Kostomarov, Kul’tura reči i stil’, Moscou, 1960 ; D. Rozental’, Kul’tura reči, Moscou, MGU, 1964 ; etc.

[14Estetika povedeniâ, V. Tolstyh (dir.), Moscou, Iskusstvo, 1963.

[15] Dans le même genre d’idée, à l’époque soviétique est apparu le proverbe « My delaem vid, čto rabotaem, oni delaût vid, čto platât » (« Nous faisons semblant de travailler, eux, ils font semblant de nous payer »).

[16Èstetika povedeniâ, op. cit., p. 41.

[17Ibid.

[18] Ce terme est employé ici au sens que lui conféraient Michel Foucault et Michel Pêcheux. Pour ce dernier, par exemple, la formation discursive représente « ce qui, dans une formation idéologique donnée […], détermine ce qui peut et doit être dit » (M. Pêcheux, Les Vérités de La Palice, Paris, Maspero, 1975, p. 225).

[19Èstetika povedeniâ, op. cit., p. 171.

[20] « My polučili mnogočislennye pros’by rasskazat’ o prinâtyh v sovetskom obŝestve normax rečevogo povedeniâ. » V. Kostomarov, « Russkij rečevoj ètiket », Russkij âzyk za rubežom, n° 1, 1967, p. 56. Le discours médiatique de l’époque soviétique s’appuyait souvent sur un référent indéfini de type « po mnogočislennym pros’bam trudâŝihsâ » (« selon de nombreuses demandes de travailleurs »).

[21] Cette maison d’édition faisait partie de l’Association nationale le Savoir (Vsesoûznoe obŝestvo Znanie) qui fut créée en 1947 et possédait d’énormes fonds pour la transmission des connaissances à la population dans une optique marxiste-léniniste, bien évidemment. D’ailleurs, dans les années 1960-1970, les conférenciers (scientifiques, enseignants, médecins, ingénieurs), tout en commençant leurs interventions par une ou deux citations de Lénine, se lançaient dans des domaines qui n’avaient aucun rapport avec le marxisme-léninisme.

[22Sovetskij ètiket (sostavitel’ L. G. Grinberg), Leningrad, Znanie, 1972, p. 40.

[23] M. Hodakov, Kak ne nado sebâ vesti [Comment il ne faut pas se comporter], Moscou, Molodaâ gvardiâ, 1972, p. 30.

[24] L. Kastler, La Politesse linguistique dans la communication quotidienne en français et en russe, thèse à la carte, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998, p. 287-288.

[25] I. Lotman et B. Ouspenski, Sémiotique de la culture russe, traduction du russe de F. Lhoest, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1990, p. 23.

[26Ibid., p. 24. 

 

Pour citer cet article

Ludmila Kastler, « La conception de l’étiquette soviétique : du nouveau ou de l’ancien ? », journée d'étude Marxisme-léninisme et modèles culturels en Union soviétique - Journée 1, ENS de Lyon, le 6 décembre 2008. [en ligne], Lyon, ENS de Lyon, mis en ligne le 23 juillet 2010. URL : http://institut-est-ouest.ens-lsh.fr/spip.php?article281